Proposé conjointement par la Philharmonie de Paris, l’Orchestre de Picardie et l’Association Française des Orchestres, le premier Tremplin pour jeunes cheffes d’orchestre se tiendra le 23 novembre prochain, à 15h, dans le cadre du Week-end Orchestres en fête ! à la Philharmonie.
Cette initiative est manifeste des nombreuses actions concrètes menées par l’Association Française des Orchestres, à l’initiative de la manifestation, et ses membres en faveur de la place des femmes dans l’orchestre.
Le tremplin s’adresse à des jeunes femmes qui s’engagent dans la profession de chef d’orchestre en leur donnant l’opportunité de se produire avec un orchestre professionnel, en public, et devant un parterre de responsables et directeurs des orchestres français.
Les six candidates retenues se produiront donc ce vendredi 23 novembre, dans le Studio de la Philharmonie. Elles dirigeront tour à tour l’Orchestre de Picardie sur une œuvre imposée et une œuvre au choix (la Symphonie n°2, 1er mouvement de Beethoven, la Symphonie n°4, 1er mouvement de Beethoven ou la Symphonie n°104, « Londres », 1er mouvement de Haydn).
Ce tremplin permet aussi de mettre en lumière les compositrices. Pour l’œuvre imposée, il s’agira de diriger Vajrayana, composition de la jeune Camille Pépin qui lui a permis de remporter le concours Île de Créations et qui a déjà eue l’occasion d’être interprétée par l’Orchestre National d’Île-de-France.
Cette action trouve bien évidemment un écho à une question éminemment actuelle et générale, à savoir l’égalité hommes-femmes dans notre société.
La marraine d’Orchestres en fête ! 2018 s’est exprimée sur le sujet lors d’une interview à la Philharmonie, le 3 septembre dernier.
« […] Je pense à Simone de Beauvoir qui disait « on ne naît pas femme, on le devient ». Il y a cette question et ce questionnement sur le genre et sur l’assignation, sur notre capacité en tant que personne genrée, identifiée comme femme.
Nous sommes capables et nous sommes nombreuses. Nous ne sommes pas des dangers, et nous avons besoin d’être entendues, d’être vues. Pour que la société change, ça passe par l’exemple.
En l’occurrence, là on parle de musique. Il y a beaucoup de femmes musiciennes, et pas que des chanteuses évidemment. Beaucoup de femmes musiciennes, beaucoup de femmes cheffes d’orchestre, beaucoup de femmes compositrices, mais très peu engagées pour des raisons qui pour l’instant, même si elles me sont expliquées, ne sont pas recevables.
Ce n’est pas un problème de quantité, ni un problème de nombre, c’est un problème de société, de volonté politique. Il est temps que ça change. Mais peut-être que je suis trop pressée, que ça va venir petit à petit. C’est en train de changer, pas assez vite à mon goût.
Mais parce qu’il y a aussi une espèce de croyance endémique, même de notre part, que nous ne sommes pas capables. A capacités égales, une femme, pour obtenir un rôle, un emploi, elle va quand même plus douter.
En tout cas c’est aussi pour ça que je continue à m’accrocher dur comme fer parce que je suis adulte maintenant, j’ai des enfants… Il m’arrive de travailler avec des collégiens et des collégiennes. Le fait parfois d’arriver à deux et qu’il y ait un homme et une femme, tout d’un coup ça leur signifie que c’est possible. On n’a pas besoin de leur dire, il suffit de le voir. Dans mes différentes formations, régulièrement on est à parité.
Donc il y a évidemment dans le milieu des musiciennes mais aussi dans la technique où les femmes sont sous représentées. Il y a beaucoup de femmes techniciennes-son, monteuses…
Bref nous sommes là, et on ne va pas partir. Nous sommes de plus en plus nombreuses et il va falloir s’y faire. C’est n’est pas du tout une guerre bien au contraire, je pense qu’on sera plus riche les uns des autres si on sait vraiment se mélanger. »
Sandra Nkaké
Pour les informations concernant le Tremplin à la Philharmonie de Paris, suivez ce lien.
Retrouvez le Tremplin pour jeunes cheffes d’orchestres sur l’Orchestrathon, le 23 novembre prochain.